DEFINITION D'UN JOURNAL DES MARCHES ET DES OPÉRATIONS
Présentation des Journaux des Marches et des Opérations (JMO)
Le 11 novembre 2008, l'ensemble des journaux des marches et opérations des unités des armées engagées dans la Première Guerre mondiale a été mis en ligne sur le site mémoire des hommes. Ces documents d'archives, qui retracent l'activité de ces unités au jour le jour, constituent une source remarquable pour les chercheurs.
Témoignages quotidiens de l'activité des unités de l'armée de Terre, les journaux des marches et opérations (JMO) rédigés pendant la guerre de 1914-1918 sont conservés au Service historique de la Défense à Vincennes, où ils sont communiqués au public. La Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA), en lien avec le Service historique de la Défense, a numérisé l'ensemble de ces JMO ainsi que des documents équivalents pour l'armée de l'Air et la Marine en vue de créer une banque d'images et de réaliser une application de navigation, de recherche et de consultation sur Internet.
L'objectif est d'étendre à un large public l'accès à ce fonds d'archives et de contribuer ainsi activement à l'histoire et à la mémoire du premier conflit mondial, en complément des fiches des « morts pour la France » mises en ligne sur le site mémoire des hommes.
C'est par l'instruction du 5 décembre 1874 que le général Ernest de Cissey, vice-président du Conseil et deuxième ministre de la Guerre dans l'histoire de la IIIème République, décide de l'établissement des journaux de marche. D'après cette instruction, les journaux doivent relater les événements vécus par chaque état-major et corps de troupe au cours de la campagne entreprise, sans commentaires ni appréciations personnelles. Chaque jour, sont notifiés les faits, combats ou reconnaissances, accompagnés des buts recherchés, de la position des troupes et des résultats obtenus. Sont aussi indiqués la composition du corps, les itinéraires suivis, les emplacements des camps ou des cantonnements.
La présentation des journaux est presque toujours la même : les cahiers ont souvent un format identique, la date est toujours portée dans la marge, les récits sont objectifs et sobres. En guise de pièces justificatives et pour illustrer le récit, le chercheur trouve parfois, joints au journal, des cartes, des ordres, des croquis d'observation ou des photographies.
Les JMO peuvent quelquefois permettre de retrouver la trace d'un combattant, lorsque les mentions de pertes éprouvées, de citations, de promotions et de mutations sont nominatives ou accompagnées d'états nominatifs. Il s'agit d'une source unique sur le contexte entourant la vie sur le front et la mort de centaines de milliers d'hommes, même si ces mentions personnelles ne sont pas systématiques.
Conservée au Service historique de la Défense au château de Vincennes dans la sous-série 26 N, la collection des journaux des marches et opérations des unités de l'armée de Terre qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale représente un ensemble de 1 370 cartons. Ceux-ci sont un complément essentiel aux archives administratives des régiments, qui sont assez lacunaires.
Les JMO sont classés en deux groupes. Le premier rassemble les journaux des grandes unités: grands quartiers-généraux, groupes d'armées, armées, corps d'armée, divisions et brigades. Le deuxième réunit les journaux des corps de troupes, par arme : infanterie, cavalerie, artillerie, génie, train des équipages. Si le 2 août 1914, jour de la mobilisation en France, marque le plus souvent le commencement de la rédaction des JMO, l'armistice conclu le 11 novembre 1918 n'en représente généralement pas l'épilogue. En effet, bien qu'il soit mis fin aux combats à cette date, les régiments ne sont pas sans rester actifs dans les mois qui suivent et certains récits courent jusqu'à l'occupation de la Rhénanie par les troupes françaises dans les années 1920.
Notons enfin que les journaux des unités du Service de santé des armées, jusqu'à l'échelon divisionnaire, sont en partie conservés au Val-de-Grâce, et que les journaux de marche de l'aéronautique, qui avaient été versés au Service historique de l'Air, ont été détruits au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Aux archives de l'armée de Terre viennent s'ajouter les documents conservés dans les départements de la Marine et de l'armée de l'Air. Les journaux de bord et de navigation pour la Marine, et les carnets de comptabilité en campagne, rapports d'ascensions, carnets de missions et registres de vol de l'armée de l'Air documentent de manière comparable l'action quotidienne des unités et des bâtiments. La consultation de la banque d'images s'effectue selon deux types de recherche. Une recherche verticale permet d'accéder à un journal précis. L'accès au document se fait soit par la saisie directe de la cote du journal, soit par la navigation dans l'inventaire des unités, soit par l'utilisation d'une recherche en plein texte dans l'inventaire. L'application développe également une recherche horizontale autorisant une navigation à l'intérieur de chaque journal, notamment l'accès rapide au mois recherché. La double page du document est affichée à l'écran et une fonction de zoom est disponible. Il est également possible d'imprimer les vues.
Dans tous les cas, la connaissance de l'unité dans laquelle a combattu l'individu auquel s'intéresse l'internaute est toujours indispensable. À moins que sa curiosité ne l'entraîne au hasard de ces milliers de pages qui sont autant de traces de l'activité des états-majors comme de la vie quotidienne des poilus dans les tranchées.
... Une opération de numérisation d'envergure
Ce sont plus de 3 300 000 pages qu'il a fallu numériser. L'opération a été effectuée au sein du Service historique de la Défense à Vincennes par la société SAFIG. Deux équipes d'opérateurs se sont relayées depuis janvier 2008, cinq jours sur sept et quatorze heures par jour, pour numériser l'ensemble du fonds. Les prises de vue, opérées en couleur pour les cartes et schémas qui le nécessitent, ont été réalisées par double page et enregistrées sous format JPEG (pour la consultation) et TIF (pour la conservation) en 300 dpi, la numérisation offrant des conditions de qualité optimale pour un archivage pérenne des données. Les vues numérisées ont ensuite été contrôlées par la société DIADEIS, chargée de valider l'intégrité et la qualité des images. La banque d'images validée a ensuite été mise à la disposition de la société AJLSM qui a élaboré l'application web de recherche et consultation à partir de son outil PLEADE.
Source : www.cheminsdememoire.gouv.fr