HISTORIQUE DU BATAILLON MIXTE DU PACIFIQUE

Formation du Bataillon Mixte du Pacifique

La formation officielle du Bataillon Mixte du Pacifique date du jour de son embarquement à Nouméa, le 4 juin 1916.

Composé de 2 compagnies il devait être employé comme unité d'étapes.

Mais, comme certains bataillons sénégalais ou indo-chinois, ce bataillon d'étapes est devenu bataillon combattant.

Nous le verrons se transformer en bataillon de marche, fournir d'abord des travailleurs sur le front, s'aguerrir dans la bataille défensive, partir à l'attaque et participer enfin à l'offensive de 1918.

Dans cette ascension au terme de laquelle le Bataillon a vu sa vaillance récompensée par une citation à l'ordre de l'armée, la bonne volonté des troupes a été constamment guidée par des cadres désireux d'agir, soucieux de perfectionner l'instruction de leurs hommes, de donner à leurs soldats recrutés et formés à la hâte, la juste notion de la discipline militaire et de ses strictes nécessités.

En suivant presque au jour le jour les faits sobrement relatés par le journal de marche du Bataillon Mixte du Pacifique, nous sentirons s'affirmer de plus en plus, la valeur de cette unité.

Nous le verrons :

  1. Arriver en France et se transformer en bataillon de marche.
  2. S'aguerrir par un premier séjour au front.
  3. Participer enfin à la lutte par les armes.

La transformation en bataillon de marche

Après une traversée normale et une réception cordiale à Sydney par nos alliés Britanniques le Bataillon débarque à Marseille le 11 Août 1916 et se porte au Camp de Boulouris pour s'y organiser.

Les deux Compagnies, aux ordres du Capitaine MONTAGNE comprenant alors, au total, 596 Tirailleurs encadrés par 49 Européens, qui sont bientôt amenés à Marseille et mis à la disposition de la Commission des Ports.

Jusqu'en Avril 1917 il rendra dans les travaux du Port de Marseille des services appréciés en particulier pour le chargement des bateaux destinés à l'Armée d'Orient.

Par décision Ministérielle du 10 Septembre 1916 il avait reçu le nom de Bataillon des Tirailleurs du Pacifique et abandonné celui qu'il portait, depuis son embarquement à Nouméa, de Bataillon d'étapes des Tirailleurs Canaques.

Le 6 avril [1917], une nouvelle décision Ministérielle le transforme en Bataillon de Marche ce qui lui vaut d'être dirigé sur Fréjus, pour y recevoir l'entraînement nécessaire à son utilisation en campagne.

Dans le courant de Mai [1917] un détachement de Tahitiens : 502 soldats et encadrement Européens correspondant (12 sous-officiers et 29 caporaux) le renforce et entre dans la composition des 3ème et 4ème Compagnies.

Le Chef de Bataillon TROUILH avait pris le 1er Mai [1917], le Commandement du Bataillon, qui devait s'augmenter encore :

Le 1er Juin [1917] d'une CM et d'une SHR.

Le 20 juin [1917] d'une 5ème Compagnie (Compagnie de Dépôt).

Le 2 Août [1917], le Bataillon recevait l'ordre de s'embarquer, le 3 [Août], à destination du Front.

D'août à novembre 1917

Le 3 août [1917], le Bataillon Mixte du Pacifique est enlevé en chemin de fer vers le front.

Son effectif atteint :

  • 20 Officiers
  • 1062 Hommes de troupe
  • 87 Chevaux
  • 42 Voitures

Le chef de Bataillon TROUILH est à sa tête.

Débarqué le 5 [août] à Rouilly-Geraudot, le Bataillon va cantonner le même jour à Assencières et Luyeres où il est soumis jusqu'au 24 août à un entraînement intensif et régulier.

Il est ensuite transporté en chemin de fer jusqu'à Valny d'où il se dirige, le 27 [août], vers la zone Moulin de Virginy - Hans, à la disposition de la 72ème Division d'Infanterie.

Aussitôt le Bataillon entreprend les travaux : tantôt avec les batteries d'Artillerie, tantôt sur la route Viginy-Minaucourt, au nord et à l'ouest de Massiges, dans les ravins de l' « Annulaire » et du « Medius ». Et bientôt il commence à payer, lui aussi, son tribut de pertes : un sergent et un tirailleur tués, un caporal et un tirailleur blessés.

Mais, peu après, des raisons d'ordre sanitaire obligent à regrouper le Bataillon à l'arrière à la ferme des Meigneux (17 septembre) d'où il est transporté par camion-auto, au camp de Sainte-Tanche (Mailly).

Travaux, exercices, soins sanitaires (vaccination anti typhoïdique) s'y succèdent ; des tranchées devant servir en cas de bombardement par avions sont construites. Mais l'hiver approche...

Le 28 octobre l'ordre parvient de s'embarquer par voie ferrée pour rejoindre le camp de Fréjus.

D'abord prévu pour le 31 octobre, le mouvement n'a lieu que le 8 novembre 1917.

Le Bataillon Mixte du Pacifique a terminé son premier séjour au front : séjour de prise de contact, au cours duquel il s'est déjà aguerri, et a poussé son instruction, malgré ses fatigues, avec opiniâtreté.

Séjour à l'arrière

Pendant les derniers mois de 1917 et les premiers mois de 1918, le Bataillon, d'abord stationné à Marseille puis au Camp de Darboussières, enfin au Camp de Boulouris, pousse son instruction, reçoit des renforts qu'il amalgame, fournit des détachements.

Éprouvé par une épidémie de grippe, il voit son départ pour le front retardé jusqu'au début de Juin [1918].

Mais le temps n'a pas été perdu, et les exercices effectués en fin de mai [1918], montrent que le Bataillon Mixte du Pacifique est dans une forme excellente pour emplir le rôle qu'il va avoir à jouer de bataillon combattant.

De juin 1918 à novembre 1918

Le 9 Juin 1918 le BMP débarque en gare de Pont-Sainte-Maxence, à l'effectif de 22 Officiers - 1.200 hommes de Troupe - 91 chevaux - 44 voitures répartis en :

  • 1 Etat-Major du Bataillon (Cdt TROUILH)
  • 1 Section Hors Rang
  • 4 Compagnies
  • 1 Compagnie de Mitrailleuses

et il cantonne le même jour à Brenouille et Lonceau.

Comme lors de son premier séjour sur le front il est rattaché à la 72ème DI et c'est à côté des régiments de cette grande unité qu'il aura l'honneur de combattre.

Dans une première période cependant jusqu'en juillet [1918], le Bataillon Mixte du Pacifique ne fournit guère que des travailleurs, au Génie ou à l'ID 72, pour les constructions en cours dans le secteur.

C'est ainsi que, successivement, la 4ème Compagnie, la CM, la 3ème Compagnie enfin l'EM du Bataillon, la SHR et la 2ème Compagnie sont portés sur le bivouac de la Bagotte (500 m sud d'Armancourt) d'où les travailleurs nécessaires sont envoyés sur leurs chantiers.

La CM pourtant, reçoit comme mission essentielle de concourir à la défense de la parallèle de soutien (position de résistance) dans l'ancienne tête de pont de Compiègne : elle est, pour cette mission, aux ordres du commandant du 324ème RI.

La 72ème DI étant relevée de son secteur, le Bataillon rejoint Brenouille du 29 juin au 1er juillet 1918, puis la Croix-Saint-Ouen [le 3 Juillet].

Il est aussitôt fractionné :

les 2ème et 4ème Compagnies, 2 sections de mitrailleuses sont mises à la disposition du colonel commandant le 164ème RI les 1ère et 3ème Compagnies, 2 sections de mitrailleuses à la disposition du colonel commandant le 324ème RI formant, dans les sous-secteurs de ces Régiment d'infanterie, la garnison de sûreté de la 2ème position : Corbeaulieu-Clairoix.

Jusqu'au 15 juillet, quelques travaux d'organisation alternent avec des exercices, des reconnaissances, des alertes.

Mais le moment de combattre approche : l'ennemi a tenté son dernier effort en Champagne : le Bataillon Mixte du Pacifique va prendre sa modeste part à la riposte victorieuse.

Le 16 juillet [1918] il atteint Cuise-Lamotte où il reçoit le 17 [juillet], pour le lendemain, l'ordre d'attaque.

La 1ère Cie est détaché au 164ème RI.
La 2ème Cie au 418ème RI.
Les 3ème, 4ème, la CM sont en réserve de DI.

L'attaque se déclenche le 18 [juillet] à 4h45 et se poursuit les 19-20-21 juillet 1918 ; le Bataillon [Mixte] du Pacifique se dépense dans les fonctions diverses qui lui sont confiées et surtout dans le ravitaillement en munition des troupes engagées.

  • 14 Tirailleurs tués,
  • 101 Tirailleurs blessés,
  • 4 tirailleurs disparus,

tel est le bilan de ses pertes en ces 4 jours de combat. Parmi les blessés se trouvait le commandant du Bataillon, le chef de bataillon TROUILH.

Mais, désormais, le commandement allié est résolu à talonner l'adversaire, à ne lui laisser aucun répit. Aussi, le Bataillon Mixte du Pacifique sera-t'il souvent engagé jusqu'au jour de l'Armistice. Sa vie ne sera plus qu'une suite ininterrompue d'efforts où se succéderont les travaux de tous ordres, les exercices et les combats.

C'est pour lui une grande joie de n'avoir pas été inférieur à sa tâche.

Relevé le 22 juillet [1918], le Bataillon revient en ligne le 28 [juillet] pour participer à la garde du terrain conquis et à l'assainissement du champ de bataille ; puis, mis à la disposition du 164ème RI, il constitue, avec ce Régiment un détachement de poursuite qui marche vers Soissons [Aisnes].

Son nouvel effort lui coûte 7 tués, 14 blessés.

Dans la nuit du 11 au 12 août [1918], les Compagnies du BMP ramenées à l'arrière, cantonnent, au repos, jusqu'au 14 août, dans la région de Dommiers [Aisnes].

Elles prennent, ensuite, une part active aux travaux dont l'urgence s'impose dans le secteur : les corvées fournies au Génie, à l'ID, au Service Télégraphique à l'Artillerie sont nombreuses et incessantes ; la fatigue croît mais la volonté de personne ne fléchit.

Le 27 août [1918], un groupement mixte composé de 2 compagnies du 418ème RI, des 2ème, 3ème Cies et de la CM du Bataillon [Mixte] du Pacifique, est constitué, sous les ordre du nouveau chef de Bataillon le commandant GONDY.

Il doit attaquer, le 28 [août] le plateau de Pasly en liaison à droite avec la 41ème [RI].

Mais les munitions d'artillerie manquent ; le groupement mixte a besoin de repos. L'œuvre sera achevée par d'autres.

Le 30 août [1918] le Bataillon se reforme à Osly-Courtil, et, transporté en camions, arrive le 31 dans la zone Charny-Villeroy où il cantonne, se reconstitue et prend part à des manœuvres.

Le 18 septembre, le Bataillon est transporté à Saint-Remy-Blanzy d'où il se rend le 20 à Acy et se fractionne, à partir du 21 septembre, en plusieurs détachements :

  • EM, SHR, 3ème Cie au CID 72 à Neuilly-Saint-Front.
  • 1ère Cie et CM à la disposition de l'ID à Condé-sur-Aisne.
  • 2ème, 3ème, 4ème Cies fournissent des corvées diverses au Génie, à l'Artillerie, au PC DI à la manutention et au service d'ordre de la gare, au TB.

Au début d'octobre, les 1ère et 3ème Cies entrent en secteur respectivement à la disposition du 1er [Régiment] Mixte et du 365ème RI et tout le Bataillon se regroupe le 20 [octobre] à Athies pour entrer en secteur, le 22, à l'ouest de Vesles-et-Caumont [Aisne].

Le 25 octobre il prend part à une attaque, enlève, pour sa part, le village de Vesles-et-Caumont, la ferme du Petit-Caumont, la Cote 79 et, dans la nuit, repousse vigoureusement une forte contre-attaque ennemie.

Relevé le 27 [octobre] et rassemblé à la ferme d'Etrepoix, le Bataillon est passé en revue par le Général FERRADINI, Commandant la 72ème DI, qui procède en même temps à la remise des décorations méritées au cours des derniers combats.

Les opérations actives sont terminées.

Le Bataillon fait ses derniers travaux de la campagne à Bucy-les-Pierfont et, ramené à l'arrière, il s'embarque, le 19 novembre pour Fréjus.

Dissolution du Bataillon

Le Bataillon passe ses derniers jours au camp de Valescure-Golf où une grande joie lui était réservée ; celle d'apprendre sa citation à l'ordre de la Xème Armée (n° 349 en date du 10 décembre 1918).

En avril [1919], le Bataillon désarmé, déséquipé va occuper le camp de Boulouris ; les Tirailleurs seront embarqués à Marseille.

Le 19 Mai 1919, le Bataillon Mixte du Pacifique est dissous.

Il a donné, au cours de la lutte, des exemples nombreux de son dévouement. Longtemps, en raison de l'instruction hâtive qu'il avait reçue, il était resté attaché aux tâches ingrates : travaux et corvées qui exigent toujours beaucoup d'abnégation et souvent beaucoup de courage.

Quand enfin, en pleine possession de ses moyens, bien discipliné, bien instruit, il a été lancé à l'attaque il a su se montrer digne des glorieuses unités auprès desquelles il avait à combattre et mériter, à son tour, une belle citation dans laquelle tous ceux qui ont appartenu au BMP peuvent trouver un juste motif de satisfaction et de fierté.

Approuvé : le 24 mars 1922.
Le Général Commandant le Corps d'Armée Colonial
Signé : MAZILLIER

P.C.C.
Chef de la Section technique des Troupes Coloniales
Signé : (illisible)

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